(Oui, c'est bien moi sur la photo)
(attention article long)
Faisant suite à l'article précédent (enfin pas exactement le précédent, mais celui d'avant, ne vous faîtes pas plus bête que vous n'êtes; sincèrement ce n'est pas la peine d'essayer de faire votre intéressant à tout bout de champ, vous avez d'autres moyens de briller) voici la liste des mots ou expressions insupportables dans un contexte professionnel : (oui cette intro est pourrie)
BENCHMARK
-" tu viens pas la réunion demain?"
-" Non, je peux pas, j'ai benchmark à 16h, et c'est l'anniv de la petite".
Quand bien même ce mot existe, définit quelque chose de vital en entreprise (définition ici ou, pour la version courte, "arrêter de faire l'autruche") il souffre de ce qu'on peut communément appeler le syndrome "nomd'unepipejesaispascequeçaveutdiremaisjemesenstrèsmalinenledisant". De fait, il n'est pas unusuel d'entendre :
- "Michel, un p'tit benchmark à 11h?"
- "Ah merde non, j'ai oublié mes cloppes"
Ainsi "benchmark" n'est qu'un exemple tiré d'une trèèèèèèèèèès longue liste parmi laquelle on trouve notamment "lunch", "briefing / debriefing", "forecast", "value" "market", "analyzis", et bien d'autres anglicismes velus mal - et surtout sur- employés.
Comment le contrer ?
Plein de techniques simples sont à votre disposition, mais servez surtout du célèbre "c'est pas faux" en cas de doute.
(photoshop level : over 9000)
PROPAL
- "Il te fait une propal, tu lui renvoies ta propal, et tu voies si ça match"
De la même manière que les "car" à l'oral, "22h et quart" et autres conneries précédemment citées, "propal" est juste insupportable à entendre. Pour tout vous dire j'ignore si le mot à une véritable siginifaction (genre "proposition commerciale") et qu'il est employé à tort et à travers par des blaireaux peu scrupuleux, ou bien s'il s'agit d'une contraction (argotique?) [voir plus bas] du plus mauvais effet. Dans tous les cas, "propal" est un mot urticant.
Comment le contrer ?
Simplement dire :
"Propal, c'est l'abréviation de... ?"
Et savourer.
Comme beaucoup de désastres, tout part d'une bonne intention (voir par exemple le panda pourpre ). Le concept initial est facile à appréhender mais il est tellement abîmé par les marchands de tapis de tout poil qu'il n'a désormais presque plus de sens. Ainsi lorsqu'on entend :
"c'est un vrai partenariat gagnant-gagnant"
Il faut comprendre :
"Mon pote je vais tellement m'en mettre plein les fouilles à tes dépends, que pour le reste de ta vie tu marcheras en cowboy et tu te sentiras très, très sale."
"Vous pouvez quantifier" suffit souvent.
"Revenir vers"
Dans les grandes entreprises on revient vers les gens. Même si on ne leur a jamais parlé avant. "Revenir vers" est tellement attrayant qu'il a remplacé toute autre phrase annonçant l'objet d'un appel téléphonique. Disparus les directs " je vous appelle afin de..." , les vilains " je me permet de vous contacter", les très classes " je prends attache auprès de vous". On revient vers ses clients, ses fournisseurs, collègues, stagiaires, les sud par-tous-les-chemins pour Chimène Badi only, et ceci par tous les canaux : téléphone, mails, et même pire en FACE-A-FACE. Sérieusement ça me donne envie de pleurer.
Comment le contrer ?
Répondre " Vous êtes déjà passé(e) ?"
ou selon son niveau d'énervement : " Ah vous venez vers moi? Vous venez me chercher? Et ensuite quoi, vous allez chercher le poney?"
(photoshop level : Over your mom)
Comme à la bonne époque des cartes MVP, dragon ball, des billes, pogs et autres joyeusetés courd'écolesques, on "échange" avec ses contacts. Surtout lorsque c'est unilatéral.
Ainsi, vous pouvez être sûr que tous les commerciaux de l'univers vont désormais vouloir échanger avec vous (surtout après être revenu vers vous). Il s'agit bien d'un échange puisqu'en contrepartie de vos espèces sonnantes-z-et-trébuchantes,les bonzhommes vont vous proposer un
Il est intéressant de constater que plus une société à une communication unilatérale, plus elle insistera pour échanger. Un grand merci aux professionnels de la communication, aux consultants, et plus largement à tous les connards spécialisés dans le lagage commercial
"Et en utilisant ces phrases, vous impliquez le client"
Ah, ah ,ah. Quelqu'un a une hache ?
Comment le contrer ?
Mesurer le temps de parole de votre interlocuteur, et insister pour avoir exactement le même que lui (c'est la base d'un échange et c'est gagnant-gagnant, en plus). En revanche, profitez en pour raconter tous les détails atroces et ennuyeux de votre vie. Vous le ferez fuir, ces gens sont des lâches.
LE RESEAU (ou pire, Network)
Bien qu'il soit douloureusement vrai, le conseil suivant "Dans une carrière le réseau est très important.", le mot est tellement employé par tous les glandus sans ambition ni carnet d'adresse de l'univers, qu'il en devient vide de sens. Je constate ainsi que nombre de pétasses s'en vont à des "events" pour faire du "networking", dans le but de s'assurer un bon coup de pouce (y) pour leur future carrière.
Comment le contrer ?
Lorsqu'on vous dit "c'est pour le réseau", agrippez fermement le bras de votre interlocuteur, approchez vous de lui, prenez un air criminel et dite "toi aussi t'en es?". N'oubliez pas de jeter des regards furtifs à la ronde, vous susciterez ainsi crainte et/ou intérêt.
LES ABREVIATIONS
Elles sont abominables et partout, signe d'un besoin fondamental de gagner du temps au travail, et forment la base du langage corporate. Elles sont également une des raisons pour lesquelles je ne peux pas supporter certaines personnes au travail comme à la vie. Imaginez la pouffiasse random vous annoncer qu'elle a un "dèj", qu'elle doit changer de "tel" et que tout ça l'ennuie parce qu'elle avait déjà prévu d'aller à une "conf" (ou pire "conf-call") et je suis sûr (tout du moins j'espère) que cela vous énervera également. Ces abréviations sont multiples et j'vous invite à laisser les votres dans les "coms" (...).
Ceci-dit, même parmi la liste putride des abréviations pénibles, certaines sont vraiment abominables et ont le don de me faire péter des cab' ; par exemple :
C'est quali :
Pour "c'est qualitatif". Ce qui, bien sûr, dans le contexte ou c'est employé, n'a absolument aucun sens. J'ai le malheur d'entendre cette effroyable expression à chaque dégustation ou test de nourriture (je suis dans la restauration), mais cela peut également arriver lors de comparaison de choses très banales. Ce qui m'énerve le plus c'est que cette expression est utilisée par des gens très bien, mais de la même manière que les jurys de Top Chef utilisent à tort-et-à-travers des "c'est gourmand", "c'est bieng assaisonné", "y a du croquang" ; le "c'est quali" a remplacé toute autre forme d'attribut pour apprécier de la nourriture. Ainsi, pendant une random dégustation de moelleux au chocolat :
- "C'est quali."
- "Ouais celui-là est quali mais je trouve que celui-ci est plus quali."
- "C'est vrai il est très quali."
AAAAAAAAAAAAAH MAIS FERMEZ LAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !!!!
Comment le contrer ?
Vous exclamer "DE FORT BELLE FACTURE !!!!" dès que vous surprenez quelqu'un sur le point de dire "c'est quali"
Autre abréviation douloureuse à ouïr : Un micro
Attention, pas pour "microphone" ou "micro-ondes" ou encore "microscopique", mais bien pour "Micro-ordinateur".
Typiquement vous aurez (à 99% des cas) affaire à un bonhomme entre 48 et 68 ans qui n'a jamais pris le virage de l'informatique (ceux-là mêmes qui impriment chaque mail, ont tout leurs documents dans "mes documents", 573 000 icones sur leur bureau, envoient des power-point dégueux et/ou racistes à leur carnet d'adresse, portent des cravates piano (voir ici), se grattent les couilles, ont un gros ventre, et déshabillent chaque nana qui a le malheur de passer près d'eux).
Ces gens, donc, désigneront toujours leurs ordinateurs comme "un micro". Souvent ils pesteront contre le service informatique qui leur a "déréglé leur micro".
PS : ce sont aussi les gens qui ont l'air hyper concentré lorsqu'ils appuient sur leurs blackberry.
Intervertir les touches de leur clavier (ou simplement le passer en qwerty) = total mind fuck.
Voilà, je vais arrêter ici, cet article est déjà bien assez long comme ça. N'hésitez pas à partager les expressions que vous ne pouvez souffrir au travail, ici-bas.